En cheminant sur les routes de la Soie

Publié le par Sur la route des dispensaires

 

L'Iran quitté, nous entrons véritablement en Asie Centrale. Premier arrêt: le Turkménistan. Un pays au régime police, quelque peu mégalomane, mais que nous avons découvert avec plaisir. Notre descente sur la capitale Achgabat après le passage long et couteux du poste frontière nous a permis de découvrir depuis les montagnes une ville surprenante. Nous arrivons en effet par une gigantesque avenue, chaque sens comportant 5 voies, vide de tout automobile, et menant dans un quartier flambant neuf, aux parures d'un blanc éclatant agrémenté de doré comme il se doit. Du luxe, que du luxe. Qui peut donc habiter ici sachant que le niveau de vie des turkmènes est très faible? Pour eux un litre d'essence a 15 centimes d'euro (notre record jusque la) s'avère très cher. C'est pourquoi le gouvernement alloue généreusement 1500 litres gratuits à tout propriétaire de voiture. Ajoutez a cela l'électricité, l'eau et le gaz gratuit, et vous me diriez que c'est étonnant que les locaux se plaignent de la vie chère. Et oui, les français ne sont pas les seuls à revendiquer davantage de pouvoir d'achat! Quoiqu'il en soit, le luxe des nouveaux quartiers, résidentiels mais surtout administratifs, impressionne et contraste d'autant plus avec les anciennes barres d'immeubles construites par les Russes au temps de l'URSS et qui se trouvent à proximité. Le Turkménistan, ou le pays aux multiples contrastes. Encore un. Une tendance générale commence à ressortir des pays que nous traversons.

La capitale turkmène se quitte comme on y entre, très rapidement. Nous entrons dans le désert et mettons cap au nord, direction l'Ouzbékistan. Nous n'avons que 5 jours pour effectuer le transit, et les choix d'itinéraires ne sont pas nombreux. Notre choix s'est porte sur la plus petite des deux routes possibles, qui passe notamment a cote d'une curiosité nationale: Darwazar. Indiquée sur une seule de nos deux cartes, cette bourgade, qui n'en est plus une, est installée à proximité de champs gaziers. L'un d'eux brule a ciel ouvert au fond d'un cratère profond de 20 mètres depuis 1974, un site extraordinaire que nous irons contempler de nuit, le spectacle étant d'autant plus beau.

Au cours des ces 4 jours nous rencontrerons plusieurs turkmènes avec qui nous partagerons un thé, un déjeuner, une nuit. Nous sommes encore une fois très bien accueillis. La population parlant une langue proche du turc nous reprenons notre lexique constitue avec labeur durant 6 semaines et étonnons les gens avec nos conversations bien rodées. L'effet d'un étranger arrivant en voiture - et quelle voiture! - depuis la France et parlant un peu la langue est imbattable!

Nous entrerons finalement en Ouzbékistan par l'ouest du pays, afin de découvrir la ville(musée) de Khiva et la mer d'Aral. De Khiva nous conservons le souvenir mitige d'une vieille ville magnifique mais vidée de sa population et littéralement envahie par les échoppes a touristes. Enfin, de la mer d'Aral nous ne verrons que les anciens rivages depuis la catastrophe écologique de son assèchement progressif, et nous aurons comme témoins du passe les carcasses rouillées des anciens bateaux de pêche. En revenant vers l'est, après s'être fait tagué la 2CV au marqueur indélébile (de mauvaise qualité, heureusement pour nous), nous avons pu découvrir - mais à quel prix - que les routes ouzbèkes étaient les pires que nous n'ayons connues jusque la. Sur 100 km, nous avons parcouru une sorte de champ de nids de poules ou le revêtement n'est plus qu'un lointain souvenir. A l'allure moyenne de 10-15 km/heure, secoués comme jamais dans la deuche, nous avons cru que nous y laisserions la voiture. Appréhendés au milieu de cela par des militaires pour s'être aventuré sur les rives de l'Amou Daria que nous apprendrons être à cet endroit une zone frontalière interdite à quiconque, nous étions morts de fatigue en posant le bivouac à coté d'un troupeau de chèvres dans le désert.

Notre récompense vint le lendemain avec la découverte de la sublime Boukhara, étape incontournable sur notre route, comme sa consœur de Samarcande. La première a été détruite plus d'une fois par les conquérants redoutables qu'étaient Gengis Khan et Tamerlan, mais s'est toujours relevée de ses ruines pour laisser ce témoignage architectural magnifique datant du XVIIe siècle. La seconde émerveille par ses madrassas monumentales et ses mausolées d'une grande beauté. Toujours dans cette brique ocre qui caractérise la région, ornés de ces faïencés éclatantes par leurs teintes allant du bleu roi au bleu marine en passant par le bleu Klein, les édifices que nous visitons sont superbes. Les richesses de la route de la Soie se retrouvent bien ici, plusieurs siècles après le déclin de cet axe majeur de communication, que nous suivons a présent depuis quelques temps.




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Alexandre et Emmanuel

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V
<br /> <br /> Vivement les photos ! J'espère que vous en avez prise du champ gazier !<br /> <br /> <br /> <br />
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